Mourad est né lors d’un accident, à l’âge de 20 ou quelque cent ans. Peu importe. Personne n’a remarqué qu’il était là, depuis longtemps déjà.
M’h’n’d’ est son vrai nom. Tout l’héritage d’une mère veuve morte il ya longtemps. Mais. Les registres n’acceptent plus. Ça.
Comme nom.
- Désolé, euh.. l’ordinateur.. Les instructions.. Oui c’est. Trop d’accents, et c’est bidon de se faire appeler comme. Ça.
Fallait corriger l’accident!
Les M’H’N’D’ et Co.. c’est gênant. ça vibre, ça hisse, ça touche, ça tripote, ça pause pour les 2010 de questions. Ça ratte le bidet carrément. Pis! ça pisse à coté tout le temps. C’est.. ça.
M’H’N’D’ est non-voyant. Il sent!
Il tresse le sentiment par profession, et cède les calottes au prix d’un repas qu’il déjeune aux hasards. Tous t’i ses d’j’, parce que le soleil ne se dérange pas pour un non-voyant. Qui tresse du fil sans fin. Qui galère un songe sans rien, par peur de déranger les pieux, les poux et les passants.
Au bar sec de la fourgonnette qu’il connaît si bien, on lui apprend à grosse voix qu’il n’est pas sourd, qu’il ne peut plus vivre comme. Ça.
Parce qu’il a grandi, qu’il reste toujours sans nom. Que la terreur est là. Qu’il lui en faut des papiers parce que c’est important de se connaitre, d’avoir un nom, et.. comment c’est déjà ce nom? C’est pas. Ça.
Qu’il sera serti dans les règles, tout le monde en a, et c’est important. Ça.
Qu’il pourra même voter, vendre ses calottes, ses caleçons s’il en a, sa voix aux prochaines élections, s’acquitter de l’impôt s’il prétend qu’il est muet.
Des avantages, les tiens que tu auras, et tout. Et tout.. Ça. Là!
Sans fil, sans fin, sans crochet. M’H’N’D’ tresse, monte la cadence parce qu’il faut qu’il tresse. Parce qu’il ne peut pas tuer le songe, parce qu’il en a besoin, de ce trésor.
Pour se retrouver dans le chemin du retour. Pour incuber son adultère de nom.
Pour signer pour la première fois: Bâtard.
brume tapageuse qui domine un jour de fête! je reviendrai demain avec datte, lait et bien des choses! tiens, on est déjà demain. je te parlerais de .ça. de "verre cassé" ...
Certes, la renommée du "Grand Moh" m'atteignit bien avant son adresse. Cet aveu est d'autant plus léger que ton habileté se passe de tout commentaire. A l'instar du reflet optique qui nous renvoie les aléas de nos propres regards, tu "reviens" pour installer une passerelle hurlant la déception et la colère des "gentils" hommes, femmes et enfants de Tamanrasset auxquelles ces fameux "papiers" d'une "identité" pacifiquement acceptée leur ont été refusés. On leur a dit : " c quoi ça ?" à la lecture de leur registre d'état civil écrit dans une autre langue que l'officielle. Voilà ce que ton "ça" a allumé. Il déterre une "Hache de guerre" traduite en chakour voilà des siècles. U "have just seen enough" 2 fight with The main powerfull Light at your side. Signed : Mourad
Kalimate-> Les dattes de Marrakech et le lait à l’arome d’argan sous la brume Dades me saoulent. Je trinque donc un poème au bonheur des lettres ocres de chez moi, et casse les vers sans déranger la dune.
Yugourta-> -soussigné Morad - Bull’s eye pour Tamanrasset!
L’histoire de Mourad est aussi tragique que réelle. Je lui ai demandé -pour plaisanter- comment ça se fait qu’un chleuh de son âge (50 ou 60ans?) s’appelle Mourad ? Il m’a montré sa CN flambant neuve, je lui ai offert un café et il m’a raconté son histoire. Plus compliquée que .. ça.
Porquoi Mourad? M’h’n’d’ raconte qu’il n’arrêtait pas de répéter « l’marad..l’marad ..l’marad (injure en berbère)» chaque fois qu’il se faisait ramasser par les flics pour vente de calottes kleenex etc.. Il se fait avoir pratiquement tout le temps puisqu’il est non voyant. Le jour où finalement on l’a «régularisé » il ya quelque mois, il apprend qu’il était devenu « Mourad »..
Notre histoire est la même.. à une métaphore près. Merci pour le point de vue!