Roseau je te présente Arganier. Tu ne le vois pas mais il est là.
Ancêtre des invisibles, j’ai taillé ce roseau pour toi. Prudence avec la pointe! Disent les instructions. Le pur sang des roseaux est retenu, il balaye les geôles de la censure. Les affaires, et la chasse aux sorcières si tu peux lire.
La fente du milieu c’est pour drainer du bulbe: Rachis pur pour les savants, rouge particules pour les amants, panaché saison pour les marchands et les courtisans.
Caca pour fertiliser les champs des paysans.
La pointe c’est pour apaiser les âmes, drainer une larme, une flamme, dessiner un drame, faire saigner l’omoplate des ânes. Prudence avec la chie de brebis (smokh)! Mal fermentée, elle explose. Je crois.
Les sorciers en font des balais pour voler la vérité au passé, les faits au présent et faire peur aux enfants. Ceux qui volent dans le sens des vents ont toujours raison. La chance! Même qu’ils se taillent au plumage de quelque queue de coq. Peacok pour les extra large.
Les plus chanceux s’entre-sucent les doigts après les baises des grandes fêtes, et se félicitent en claviers chinois.
Arganier sans enfants, mon roseau s’en va. Il saigne du nez comme ça lui arrive des fois. Le long trial à travers les feuilles en bois de cèdre et le grand air des piques de Nayarama l'épuisent, le score de la ballade des os l’épointe et il est temps d’aller se laver la leçon.
Dur à chier un arganier, ramassez moi.
Ça.
Moh
J’enlace l’arganier, bras le corps. Je serre de tout mon être. Comme j’ai servi, comme je sers encore. Comme un boa sait si bien faire. Je sue la lymphe du profond des racines de l’arbre de mes ancêtres.
Fondre en larmes, fondre mon ambre pour un repas de faucilles. J’ai faim.
Je coule dans les torrents des gorges saisies par la fleur de l’âge, les cascades de sève, et le fumier de cigales qui n’ont jamais rien fait. A personne.
Je cherche les mots pour dire mon arbre, pour lire son histoire, nager dans la lave de ses amendons pâtés, après passages au granite des moulins du zèle.
Arbre de mes ancêtres, coupe moi, j’ai mal aux jambes. Elles ne servent plus, importent si peu et ne portent plus rien du tout. Les escargots ont perdu le terrain, et les graines qui restent après les vents aux rabatteurs et autres allemandes.
La bosse du dos me tue, pour avoir prosterné l’humilité pour si longtemps, pour avoir baisé toutes ces mains, pour avoir attelé tant d’escargots pour la course des hérissons. Pour avoir baisé la terre. Ma terre, qui n’en peu plus comme tu vois.
Tu décores les bois, majesté des forêts sans arbres. Les hivers longs ont eu raison de tes enfants qui brulent pour chauffer quelques salons. Qui se noient dans l’ambre des soleils levants. Tes branches dénudées, montées par toutes ces chèvres ne font même plus ombre. Ne cachent plus rien. Plus d’ombre pour chier, que de pierres pour s’essuyer. Avant la prière bien-sûr.
Je tire sur le bois de la langue pour chercher les faits dans les feux divers. Le tagine M’HFOUR () chauffe sans huile et redoute les coups de pain nu de ma métaphore. Je me perds dans les bois de la langue, et ne trouve que les restes du mauvais dans un Molière infect.
J’avale, je perds ma langue, mes racines, mes fonds, et pour faire peur aux enfants ma virginité de Q.
Dur à chier un arganier, ramassez moi.
Ça.
Moh
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