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Moh

19 janvier, 2007

 

Sarko et Vanzetti


Je me suis tapé deux corvées dans la même semaine. La décharge (surge) de Bush sur l’Irak et la rhétorique d’investiture de Sarkozy. En direct.

Entre les deux je me suis aussi fait subir un documentaire sur les franc-maçon, les templiers, les bonesmen, les ténèbres du ‘nouvel ordre mondiale’ et autres apocalypses. Jamais vu autant de TV en si peu de temps. Les trois shows capotent encore dans ma tête.

Parlons Sarkozy, la star UMP, probable président des français.
Juste après son speech d’investiture, J’ai parcouru (à chaud) les revues de la presse conventionnelle depuis la ‘terre d’asile’ que fut la France. D’après Le Monde je n’ai rien pigé, Libération a mis un peu plus de temps pour confirmer de même et ce n’est pas moi qui vais contredire les maitres de la juste parole.

Voici donc le point de vu paumé d’un curieux qui s’est tapé 2h et 12 pages PDF dans l’espoir de faire la connaissance de Sarko, l’anti Vanzetti du ‘red scare’ (peur rouge) qui depuis le temps, a changé de chopa cabra (Aicha kendicha)

Quelque chose dans la rhétorique de l’UMPiste donne ce sens de déjà-vu, lu, entendu. Passons sur les connues, genre ’travaillez prenez de la peine’ puisque c’est plus vieux que la république. Depuis le temps qu’on les pousse à s’abrutir au travaille, les français ont le sens inné de ce qui manque le moins. Sarkozy propose une «République où chacun reçoit selon son mérite ou son handicap»
Moins vous pouvez.

Rien que du fameux dans le speech: Le ‘Ask Not..’ de kennedy, le « I feel your pain » «on ne peu comprendre la peine de l’autre si.. » de Bill Clinton, le « I have a dream » de Martin Luther King ‘je veux être président’ répété au moins 24 fois (pour 155 je) pour ne citer que du contemporain bien rodé.
"Ma France, c'est celle de tous les Français qui ne savent pas très bien au fond s'ils sont de droite, de gauche ou du centre".. dira l’aspirant non aligné, comme pour cercler les wagons.

Parler de la France c’est aussi parler de la mode. Sarko a ses préférences. La jupe. La Burka et le foulard, comme les jeans et la chevelure de l’Espagne Franciste, révèlent trop sur l’incapacité de sa France à tolérer l’indigence et la différence jetables.

Sarko etale une bliothèque bien garnie (A plaisir du Pape Benoit) au cas où les maitres de Bush seraient à l’écoute. Bush! qui n’a toujours pas fini la lecture de Camus.
Il a aussi parlé du mémorial de Yad Vashem, du frère Christian, des croisades (le mot!), de Valmy, de «deux mille ans de chrétienté -devenue sienne- et d’un patrimoine de valeurs spirituelles.. » les sorcières, les Louis et les non dits seront attelés aux misérables.
Les musulmans et les sans dénominations français, les Turques et les restes seront soigneusement effleurés à coups de burka, de foulards, de polygamie et d’excisions puisqu’ils ne savent rien faire d’autre, et pour bien faire la part des tartes au cas où MRS Le Pen et ses copains seraient à l’écoute.

Pour rester ami con des néo-cons de Washington sans trop s’en mêler quand même, Sarko a ses propres revendications expansionnistes: Les pays méditerranéens. «Je veux être le Président d’une France qui proposera d’unir la Méditerranée comme elle a proposé jadis» Sans foulards svp. Quand au ‘jadis’, choisissez l’ère qui vous convient.

Sa France a besoin d’un terrain de sport: «L’immigration choisie, le co-développement, la maîtrise du libre-échange –entendre liquidation très lucrative des pétards et autres décharges périmées- et la défense de la diversité culturelle ». Chez eux là-bas comme disait Bush, pas dans sa France bien sur.

Le Discours de Sarkozy est aussi plein de définitions aussi fraiches que la notion du "new world order": La république réelle, la démocratie irréprochable, le bon et le mauvais le pour le contre le comment devenir blanc.. etc.

Si le lapsus est parfois révélateur, Sir Sarkozy a aussi parlé de Mai 68. L’écartement polaire en effervescence invite à réfléchir sur l’avenir d’un peuple qui aura bientôt à choisir.

Ma page s’achève

Moh


Commentaires:
Ouaou Si Moh ! A t'endendre parler de cette manère de ce "cher" Sarko, on dirait que tu es de gauche. Ou alors c'est peut-être le cas. Avec toutes ces années d'exil, toute les portes s'ouvrent pour le rêve et le liberté. N'est-ce pas ? Je tiens juste à te dire que Sarko n'est pas le probable président de la France. Pour le moment, c'est juste l'un des deux favoris et vue l'ambiance sur place (de visu) son affaire n'est pas encore dans le sac.
A propos de la farn-maçonnerie et Sarko, voici un article du magazine "Le Point" que je te copie car le lien ne fonctionne plus.
Fraternellement mon cher Moh.
AMA


"Les présidentiables et les francs-maçons
Oui, certes, les internautes ont aujourd'hui plus d'importance que les francs-maçons. Pour autant, les candidats à l'Elysée ne négligent pas d'établir des liens étroits avec les obédiences et nombreux sont les maçons qui figurent dans leur garde rapprochée. Enquête.
Sophie Coignard
Peu de temps après les émeutes de novembre 2005, un ancien dignitaire franc-maçon, toujours actif dans son obédience, rend visite à Nicolas Sarkozy - qu'il connaît bien - dans son bureau de la Place Beauvau. Là, il explique tout de go au ministre de l'Intérieur que celui-ci commet une erreur d'analyse : « Tu raisonnes comme si la France était une grande commode dans laquelle il y a plein de tiroirs, que l'on ouvre et que l'on ferme au gré des besoins, lui dit-il en substance. Mais tu oublies que cette commode forme un ensemble qui s'appelle la République et que, pour qu'il fonctionne, il faut que les tiroirs communiquent entre eux. » Le visiteur de la place Beauvau poursuit cet exposé audacieux en expliquant au futur candidat à la présidence combien son statut dans l'imagerie politique française pose problème : « Tu apparais comme un libéral et tu donnes donc l'impression de ne pas être républicain. » Pour enfoncer le clou, le frère visiteur fait un tour d'horizon de tous les candidats présumés : aucun, pas même Arlette Laguiller, ne s'expose à un tel procès pour défaut de « républicanisme ».
Une fois le réquisitoire prononcé, Nicolas Sarkozy reste silencieux, puis répond simplement : « Je crois que tu as raison... Puisque tu es si intelligent, donne-moi des pistes. » Son visiteur est Alain Bauer, ancien jeune rocardien, ex-grand maître du Grand Orient de France à l'âge où beaucoup en sont encore au stade de l'initiation. Spécialiste de la criminalité, président du conseil d'orientation de l'Observatoire national de la délinquance créé par Sarkozy, il s'attendait à la grande flambée d'énervement qui précède, chez le ministre de l'Intérieur, la réflexion et l'écoute. Il est le premier étonné de cette réaction.
Bauer se met donc au travail. Le premier résultat tangible de son intervention se retrouve dans le discours prononcé par le futur candidat UMP devant l'université d'été des Jeunes populaires, début septembre 2006. Au milieu du texte, le mot « République » est prononcé quinze fois en trois paragraphes, comme si un franc-maçon facétieux avait opéré un « copier-coller » sur le contenu initial de l'intervention. A Périgueux, le 12 octobre, le discours s'intitule carrément « Notre République ». Le terme « fraternel » y revient à plusieurs reprises, comme dans cette envolée : « La République fraternelle, c'est celle d'Eugène Le Roy et des croquants, celle de Mirabeau et des droits de l'homme, celle de Victor Hugo et des "Misérables", celle de Jules Ferry et des instituteurs, celle de Jaurès et des dreyfusards, celle du général de Gaulle et des Français libres. » Pour la petite histoire, Eugène Le Roy est une figure maçonnique du Sud-Ouest sur laquelle Alain Bauer avait planché peu de temps auparavant, au Grand Orient de France.
Le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle serait-il traversé par l'influence des frères et prêt à les séduire à tout prix ? Voire. Son entourage sait à quel point il déteste, depuis toujours, les embrigadements. La moindre réunion au Rotary le fait déjà bâiller d'ennui, on l'imagine donc mal supporter le décorum des gants blancs et du tablier brodé. Il traite simplement ce réseau-là à l'égal des autres, et peut-être même un peu mieux : une mouvance à ne pas négliger.
« Frères la gratouille ». François Mitterrand s'était entouré dès les années 50 de « frères la gratouille », comme il les appelait, et Jacques Chirac ne les a jamais négligés, ni dans la conquête ni dans l'exercice du pouvoir, rappelant volontiers, quand les circonstances s'y prêtaient, qu'il avait lui-même un grand-père initié. Leurs cadets entretiennent avec la maçonnerie des liens plus distants, plus informels. Mais le service minimum continue d'exister : tenues blanches dans les obédiences, déjeuners avec un ou plusieurs grands maîtres, signaux envoyés sous forme de référence aux valeurs fraternelles dans les discours...
François Bayrou est le seul candidat à avoir été reçu pour une tenue blanche, séance où sont admis des non-initiés, au Grand Orient de France. Il rencontre par ailleurs des francs-maçons, de temps en temps, sur des thèmes précis et dans un cadre assez « intello ». Pourtant, personne ou presque dans son entourage ne revendique la moindre appartenance aux « fils de la Veuve », si ce n'est Didier Bariani, ancien secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères dans le gouvernement de Jacques Chirac entre 1986 et 1988, aujourd'hui vice-président national de l'UDF et président du groupe UDF à la Mairie de Paris. « Il n'y a plus que les francs-maçons eux-mêmes qui pensent qu'ils ont de l'influence, assure le député du Loir-et-Cher Maurice Leroy, un proche parmi les proches de François Bayrou. La vérité, c'est que cela n'a plus beaucoup d'importance, pas même pour une élection cantonale. Pas plus, en tout cas, que les chasseurs ou n'importe quel autre réseau. Nous faisons donc le Smic relationnel, avec une tenue blanche par exemple, pour que François expose son projet comme partout ailleurs. Résultat : les francs-maçons qui nous aiment bien nous reprochent souvent de commettre une erreur en négligeant leur importance. » Mais Maurice Leroy est sceptique : « Juste avant Noël, je déjeunais avec l'un d'entre eux qui me faisait ce genre de remarque. Je lui ai répondu que je croyais plus aux internautes qu'aux francs-maçons. Etienne Chouard, avec son site pour le non à la Constitution européenne, a touché 500 000 personnes pendant la campagne pour le référendum. Il a sûrement, à lui tout seul, eu plus d'influence que tous les francs-maçons réunis. »
Nicolas Sarkozy, lui, a pris l'habitude de sous-traiter ces affaires à un franc-maçon avec lequel il entretient un lien personnel fort. Ce fut, au début de sa carrière, son associé dans son cabinet d'avocats, aujourd'hui décédé. C'est aujourd'hui Alain Bauer. Il a par ailleurs, autour de lui, des fidèles proches des obédiences, comme le député et ancien ministre Patrick Devedjian, qui joue auprès de lui le rôle de conseiller politique, ou l'actuel ministre délégué à l'Aménagement du territoire Christian Estrosi.
Le candidat de l'UMP exerce, de par ses fonctions, la tutelle sur les obédiences. Alors qu'ils ne se connaissaient pas encore très bien, il a téléphoné à Alain Bauer pour lui demander les coordonnées des grands maîtres et grandes maîtresses afin de les convier à déjeuner ès qualités. Puis il l'a invité à y participer lui-même... pour faire les présentations. Mais personne, à son cabinet, ne joue le rôle de Monsieur Francs-maçons. Lors de son premier séjour Place Beauvau, Philippe de Lagune, haut gradé à la Grande Loge de France et aujourd'hui préfet du territoire de Belfort, qui remplissait cet office, n'a, si l'on ose dire, pas été remplacé. « Il y en a moins que les doigts d'une main au cabinet », selon Alain Bauer, qui se targue de tenir un décompte bien à jour car, dès qu'il franchit les grilles du ministère, tous les frères lui font un petit signe de reconnaissance.
La police est un nid de francs-maçons, notamment chez les commissaires. Cette forte implantation permet-elle à Nicolas Sarkozy, sans en avoir l'air, de câliner les frères en se montrant présent et en empathie avec leurs troupes ? La réalité est un peu plus compliquée. D'une part, Philippe Massoni, l'ancien préfet de police de Paris, aujourd'hui conseiller à l'Elysée, très proche du président de la République et beaucoup moins du ministre de l'Intérieur, est à la fois une figure de la franc-maçonnerie très respectée, car parvenue à l'échelon supérieur de l'initiation dans les hauts grades de la Grande Loge de France, et un orfèvre reconnu des réseaux policiers. D'autre part, Joaquin Masanet, le secrétaire général de l'Unsa Police, syndicat désormais majoritaire, soutient ouvertement Ségolène Royal et entretient en revanche des rapports plutôt frais avec son ministre de tutelle. Il nie certes appartenir à une obédience, mais beaucoup de francs-maçons le considèrent comme l'un des leurs. La « part de marché maçonnique » de Nicolas Sarkozy dans le secteur policier s'en trouve rognée d'autant.
C'est dans l'entourage proche de Ségolène Royal que les frères sont le plus représentés. Deux de ses partisans de la première heure sont des francs-maçons de longue date : Gérard Collomb, le maire de Lyon, a l'élégance d'assumer son appartenance avec une parfaite décontraction ; François Rebsamen, codirecteur de la campagne présidentielle avec Jean-Louis Bianco, est un habitué du Grand Orient, même s'il s'est « mis en sommeil » depuis qu'il a été élu maire de Dijon, en 2001. Cela ne l'empêche pas de disposer de tous les contacts transpolitiques qu'offre un bon carnet d'adresses maçonnique. On raconte ainsi, parmi ses frères, qu'il a mis de l'huile dans les rouages au moment du ralliement de Jack Lang à Ségolène Royal, parce qu'un proche de l'ancien ministre de la Culture était un camarade de loge.
Eviter toute surenchère. Même si les candidats feignent de s'intéresser de loin à la chose maçonnique, le moindre faux pas de l'un d'entre eux dans les allées du Temple est exploité sans vergogne par les autres pour tenter de brouiller son image. Ségolène Royal devait initialement participer à une tenue blanche le 4 octobre 2006 devant dix vénérables du Grand Orient. Comme pour la prestation de François Hollande au moment de la campagne pour la Constitution européenne, il était convenu que ces présidents de loge ne devaient pas être adhérents du Parti socialiste. Mais tout le monde n'était pas d'accord, dans l'entourage de la candidate, sur l'opportunité de tenir cette réunion aussi tôt dans le calendrier de campagne. Seulement, les statuts du GO prévoient qu'aucun candidat ne peut être reçu moins de six mois avant l'élection afin d'éviter toute surenchère. Résultat : la représentante du PS ne pourra pas se rendre au Grand Orient, du moins pas d'ici au mois de mai. Mais les frères de droite donnent une tout autre version de cette péripétie, en tentant d'accréditer l'idée - fausse - que la candidate n'a pas été reçue en raison de réticences au sein même de l'obédience. Traduction subliminale : Ségolène Royal ne serait pas « maçonniquement correcte ».
Il faut bien s'amuser comme on peut lorsqu'on a perdu à peu près toute force de proposition. Hier promoteurs du temps libre avant l'heure, défenseurs de la contraception, du droit de mourir dans la dignité, grands pourvoyeurs d'idées en matière d'éthique, de génétique, interventionnistes sur le terrain de l'éducation et de la formation tout au long de la vie, les francs-maçons ont perdu la main. « C'est la première fois que nous ne fournissons aucune production intellectuelle qui soit utilisable dans les programmes des candidats, déplore l'un d'entre eux. Aujourd'hui, ce sont les Enfants de Don Quichotte qui font bouger le gouvernement sur le droit au logement, pas nous. »
Cette nostalgie conduit un dignitaire à se remémorer l'accueil exquis que lui avait réservé, un jour, Jacques Chirac à l'Elysée. Le président, captivé par la conversation, avait tardé à répondre au téléphone. Puis avait déclaré à son visiteur d'un air dégagé : « Tiens, c'était le Premier ministre. Ce n'est pas grave, il rappellera. » Il n'est pas sûr que son successeur, quel qu'il soit, réserve un numéro d'une telle qualité aux frères, même haut gradés, qui lui rendront visite
Alain Bauer : spécialiste de la délinquance
Vu sa silhouette, il est de circonstance de considérer qu'il est tombé dans la potion magique de la politique lorsqu'il était petit. Très précoce, il devient vice-président de l'université Paris-I à 21 ans, comme syndicaliste étudiant, entre au cabinet de Michel Rocard, à Matignon, à 26 ans, et devient grand maître du Grand Orient à 38 ans. Entre-temps, il est passé par les Etats-Unis, où il est devenu un spécialiste de la délinquance et théoricien de la « tolérance zéro ».
A Matignon, il est l'inventeur du « NAC », pour « Nul à chier ». Quand Michel Rocard teste devant lui un discours qu'il juge mauvais, il emploie cet effet sonore pour dire ce qu'il en pense. Un art du contre-pied qu'il pratique désormais avec Nicolas Sarkozy. Les deux hommes se sont rencontrés autour de la sécurité, sujet de prédilection de Bauer, qui a créé en 1994 un cabinet d'audit et de conseil sur cette question, AB Associates. D'abord consultant informel du ministre de l'Intérieur, il devient en 2003 président du conseil d'orientation de l'Observatoire de la délinquance. Sarkozy est très content d'annoncer qu'il a nommé un homme « de gauche ». Une appellation qui fait bien rire ceux qui connaissent le personnage.
Depuis quelque temps, Bauer roule à visage presque découvert pour le président de l'UMP : « Je le crois capable de sortir de la logique du slogan pour apporter un choc de vérité dont le pays a besoin. En 1981, je votais pour la première fois. J'ai décidé de voter Mitterrand quand, à un sondage qui donnait 66 % de Français favorables à la peine de mort, il a répondu publiquement qu'il l'abolirait s'il était élu. Mitterrand, à mes yeux, a reconquis sa légitimité politique en assumant d'être en désaccord avec les deux tiers des Français. » Alors, il rencontre, conseille, organise. Il n'est pas pour rien, par exemple, dans le dernier voyage de Sarkozy aux Etats-Unis à l'automne 2006. Il a fait recevoir le ministre de l'Intérieur par le NYPD (New York City Police Department), dont le chef, Raymond Kelly, a même reçu la Légion d'honneur S. C.

François Rebsamen : le stratège de ségolène
Il serait injuste de réduire François Rebsamen au rôle de « franc-mac » de Ségolène. Grand connaisseur des rouages du PS, où il s'est occupé des fédérations, il tient la boutique de campagne en partenariat avec Jean-Louis Bianco, en se concentrant sur la stratégie et l'organisation. Le parti et les réseaux, c'est lui.
Lorsqu'il a été élu maire de Dijon, en 2001, il a décidé de se « mettre en sommeil » du Grand Orient. Il continue à recevoir courrier et invitations, mais ne fréquente plus sa loge dijonnaise. De la même manière, il a arrêté après son élection de se rendre aux réunions de section socialistes. Motif : ses administrés ne sont pas tous francs-maçons ni socialistes.
Cet éloignement relatif tient peut-être aussi à la mésaventure socialo-corso-maçonnique à laquelle il a été mêlé début 2000. Le grand maître de l'époque avait invité, au siège de la rue Cadet, quatre nationalistes corses, dont un fut interpellé deux mois plus tard dans le cadre de deux attentats commis à Ajaccio. Il a été beaucoup dit et écrit que François Rebsamen avait participé à cette rencontre qui avait contraint le grand maître à la démission et provoqué un immense malaise au PS. C'est faux. Il était certes informé de tous les aspects de cette réunion mais... il a raté son train en gare de Dijon. Un coup de chance inespéré qui lui a évité d'être suspendu du parti, comme un de ses camarades.
Sa mise en sommeil ne l'empêche pas d'entretenir des contacts avec de nombreux frères, de gauche comme de droite. Un réseau d'une valeur inestimable pour se tenir informé tous azimuts S. C.

Les fidèles de la Fraternelle parlementaire
Cette fraternelle-là est vieille comme la République. Mais c'était jusqu'en ce début d'année une association de fait, car personne n'avait jugé bon de déposer des statuts en préfecture. « Nous avons pensé, à l'unanimité du bureau, qu'il était logique de répondre fidèlement aux règles de transparence de la loi de 1901 à laquelle les francs-maçons ont beaucoup contribué », dit Pierre Bourguignon, député socialiste de la Seine-Maritime et président, depuis trois ans, de la fraternelle parlementaire.
Ils sont 170 membres à jour de leurs cotisations, deux fois plus à la fréquenter de temps en temps et trois fois plus qui pourraient y adhérer s'ils le souhaitaient. Pour en faire partie, il suffit d'appartenir à une obédience et d'être soit élu, soit fonctionnaire à l'Assemblée nationale, au Sénat, au Parlement européen ou au Conseil économique et social. 80 % sont des élus, avec une nette prédominance de la gauche : « Il est plus facile à un frère ou une soeur socialiste, pour des raisons à la fois techniques et relationnelles, de s'afficher comme franc-maçon, explique Pierre Bourguignon. Cela dit, de plus en plus d'élus de droite reprennent des contacts avec nous parce qu'ils sont rassurés par la garantie de discrétion que nous offrons. »
Pierre Bourguignon, un ancien compagnon de Michel Rocard depuis l'époque du PSU, roulait pour Dominique Strauss-Kahn, jusqu'au choix de son candidat par le PS, alors que parmi les soutiens de la première heure de Ségolène Royal on retrouve ses deux prédécesseurs à la tête de la fraternelle, le député du Nord Christian Bataille et le sénateur de la Moselle Jean-Pierre Masseret. Ces fidélités créent parfois des situations cocasses. Ainsi, en Haute-Normandie, fief de Laurent Fabius, y avait-il lors d'une grand-messe du PS deux francs-maçons à la tribune : Christian Bataille, partisan de Ségolène Royal, et Pierre Bourguignon, soutien de Dominique Strauss-Kahn. Un comble puisque, de l'avis de nombreux frères, Laurent Fabius en a fait des tonnes lors de ses discours de campagne, multipliant les clins d'oeil langagiers en direction des obédiences.
La fraternelle parlementaire, pourtant, ne prétend pas influencer directement débats et programmes. Elle ne se réunit pas plus que d'habitude, environ trois dîners par an auxquels s'ajoutent les réunions de bureau, où sont représentés, outre le Grand Orient auquel appartient le président, quatre autres obédiences : la Grande Loge de France, la Grande Loge nationale de France, Droit humain et la Grande Loge féminine de France S. C.

Ségolène Royal : le soutien de Gérard Collomb
Au printemps dernier, Gérard Collomb, le maire socialiste de Lyon, a été l'un des premiers grands élus à apporter publiquement son soutien à Ségolène Royal. « C'était en février, elle avait été prise à partie par les apparatchiks du PS avec des propos macho, j'ai réagi pour condamner ces insultes inadmissibles » se souvient Gérard Collomb, qui s'est ensuite rapidement et totalement engagé derrière sa candidate. Quitte à se brouiller avec DSK, qui comptait sur son amitié. « Pour moi, elle redonnait une chance au PS, elle rompait par son âge et comme femme avec l'image d'un parti socialiste qui avait tendance à tourner à la lutte des éléphants, explique-t-il aujourd'hui, Elle s'adressait directement au peuple, sans idéologie, en cherchant quels étaient les problèmes des Français et en y apportant des réponses simples. » Aujourd'hui, le maire de Lyon, en campagne dans sa propre ville, n'a pas le temps d'« aller battre les estrades » de la candidate du PS, mais il lui apporte son expérience de maire dans deux domaines : le développement économique et la politique de la ville. Envois de notes sur le sujet, participation personnelle ou par l'intermédiaire d'un collaborateur aux réunions du mardi midi à Paris du staff de la candidate. Gérard Collomb vient par exemple de lui proposer l'organisation de quatre grands colloques sur la thématique de la ville. « Et je l'ai régulièrement au téléphone pour lui dire ce que je pense de sa campagne », confie-t-il. Autour de Ségolène Royal, le réseau des élus locaux fonctionne à fond. Et celui de la franc-maçonnerie ? Gérard Collomb, franc-maçon assumé et décontracté, membre du Grand Orient de France (initié en 1989, il a joué la transparence en révélant son appartenance en 1995 juste avant les municipales), relativise l'influence des « frères ». « Contrairement à ce que l'on croit, la franc-maçonnerie est extrêmement diverse et il n'y a pas un vote franc-maçon unanime, estime-t-il. Les francs-maçons seront sensibles à tous les thèmes de société humanistes, d'intégration, mais ils ne voteront pas comme un seul homme et personne ne pourrait avoir un rôle de catalyseur en faveur de tel ou tel candidat. » Néanmoins, cette campagne est, selon Gérard Collomb, « une occasion à saisir pour la franc-maçonnerie, qui planche déjà sur les sujets de société : elle devra interroger les candidats et leur proposer des idées. » CATHERINE LAGRANGE (À LYON)

Charles Napoléon : le prince botte en touche
Lorsqu'on lui demande de confirmer s'il est franc-maçon, il répond par cette formule délicieuse : « Je ne sais pas si l'on peut dire cela ainsi. » Et si l'on insiste, il demeure tout aussi courtois : « Je ne pense pas pouvoir répondre à cette question par l'affirmative. » Mais il reconnaît avoir « des amis qui le sont ».
Son arrière-arrière-grand-père était Jérôme, roi de Westphalie, le frère cadet de Napoléon. Son arrière-grand-père a décidé de choisir le prénom de l'empereur comme nom de famille. D'où ce patronyme que l'on ne peut oublier. De sensibilité progressiste, ce docteur en économie qui a fait carrière dans le public et le privé a été élu à Ajaccio et tente sa chance sous les couleurs de l'UDF, aux prochaines législatives, en Seine-et-Marne contre l'indéracinable Didier Julia.
Comme beaucoup au sein de l'UDF, Charles Napoléon considère que la franc-maçonnerie joue un rôle négligeable, voire inexistant dans la course à l'Elysée, tant sur le plan de l'influence que sur celui des réseaux. « A un certain niveau, en politique, tout le monde est franc-maçon, dit-il en forme de boutade. Alors tout cela finit par s'annuler. »S. C.

Le Pen/francs-maçons : la guerre ouverte
Jean-Marie Le Pen n'assistera jamais à une tenue blanche, ne se fera jamais photographier en compagnie d'un grand maître. Pour une raison très simple : toutes les obédiences interdisent à leurs membres d'appartenir au Front national ou à tout autre mouvement d'extrême droite, parce qu'ils véhiculent des idées contraires aux valeurs maçonniques. C'est le Grand Orient qui a lancé le premier cette « fatwa », que les autres ont suivie. Même la Grande Loge nationale française, la plus à droite, prononce des exclusions en cas d'appartenance manifeste. En 2005 encore, lorsque Le Pen a déclaré qu'« il y aurait beaucoup à dire sur le massacre d'Oradour-sur-Glane », le GO a rappelé que « l'interdiction du Front national est la seule réponse adéquate » et demandé « avec insistance le boycott médiatique de ces égarés de l'Histoire, qui, pour faire parler d'eux, n'hésitent pas à salir la conscience républicaine ».
Cette guerre ouverte ressemble à une alliance objective tant elle arrange les deux camps. Le Pen est ravi d'être « victime » du « complot maçonnique » tandis que les frères adoptent la posture de l'antifascisme à bon compte""
 
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