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Moh

30 mars, 2008

 

T’3’ch’f’k’t’ II


Elle s’en va, sans me quitter.
L’équation cale parce que la physique des distances fige quand on tue le temps. Mon prof de lycée l’a écrit: "Mentalité de voyou!" qu’il a pissé dans mon livret scolaire pour marquer la gravité du cas.
L’indigène c’est bon pour justement ça. Tuer le temps.

Je tiens le bras en cendres d’une branche brulée à froid en flagrant délit. J’ai serré la main à l’arganier! Fallait ne pas faire. Comme ça.
Je fuis le rêve un quart de temps. Le temps d’esquiver les grottes vachement gardées d’antan. Le temps d’adoucir la mesure d’un réveil plutôt accablant.

T’3’ch’f’k’t’ me demande après le reste du clan, qu’il parait qu’ils n’ont ni faim ni froid, et que des femelles d’entre eux vivent bien dans la joie.
Parle-moi de l’arche des guerriers de chez moi, s’ils se souviennent encore des langues qui ont invent
é les youyous, des coquelicots, des tempêtes de fifre qui bercaient les lions, et hennissaient des offrandes à l’Atlas adoré d’antan.
Parle-moi des académies où on s’éprend à dessiner les écrits en henné indigène, et les échos des fantasias qui n’en reviennent pas.

Apprend moi étranger de chez moi, serre moi sans distance, aide moi à tenter le temps. Viens dans ma roche que je me dévoile pour toi. Pour que tu me sens.

Serre-moi étranger sans distance, chauffe-moi. Parle-moi des sables, de la lune, des saisons et des raisons. Prend moi voyageur sans chez soi, couvre moi, donne toi ne serais-ce qu’un bout de moment.

Etranger chez soi! La pluie lave les feuilles de cèdre blanchies au calcaire que disent ceux qui ne savent pas lire. Écarte mes lèvres avec ta langue qu’elle rampe un bain dans mon brouté de Swak amère . Écris-moi en pétales de safran. Ecris sur moi avec ta langue, sur mon corps, sur mes cheveux, sur mes perles de sueurs et sur mes espaces qu’on dit morts.

Laisse-moi téter tes veines et sucer les restes de ta moelle ce rut me tue à faire couler ma montagne. Impute-moi le péché de gouter ne serais-ce qu’un lécher de gras des titans. Jouir avant de mourir tout simplement!

L'étoile du berger se lève et Shahrazade encore une fois s’éteint!
Belle, vierge, en Joconde nue dressée comme une perte sur sa roche. Une insulte à tous les souilleurs de draps.

Les bidons des villes chauffent à force de rouler les tambours du temps. Les aigles ont fait la fête la veille et le souper de poubelles attend.

Ni smokh, ni calcaire, ni roseaux ni safran, ni plus rien à écrire quand on ne sait plus faire avec ce qu’on a.
Ben’t bladi, Kan-mout-3lik, je t’aime tout ce que je peux, même si ce n’est pas suffisant.


ce clavier s’éteint.. .. ..

Moh


08 mars, 2008

 

T’3’ch’f’k’t’


J’aime les femmes. Celles de mon pays me désarment et je n’y peux rien.
J’erre dans le désert rocheux entre Missour et les lépreux d’Oulad Ali pour sentir du pays. La virginité m’inspire.

T’3’ch’f’k’t’ de son nom amazigh d’avant le règlement, est gardienne de troupeau. Des brebis pour lapupart. Les mâles sont gardés ailleurs. Son père, comme le grand père de son clan, est aussi gardien de troupeau par naissance. Il n’a rien à dire et n’en sais rien.
Il ne parle qu’à son troupeau, de son troupeau, et ne parle jamais des hommes. Il n’en a connu que très peu qui vaillent. La lèpre comme vous savez.

Son nom m’échappe si je n’ai pas oublié de lui demander. Ma mémoire le confond avec un coulé de visage accidenté de rides sans fin percées par deux cataractes.
Des poux qui n’ont pas eu le temps de s’échapper à temps figent en fossiles dans la kératose qui lui reste de peau. Des miettes de pain orge noir mauvaise année alitent son akrab en peau de chèvre. Un bout de roseau d’Ida Outanane qui lui servait de flûte est son seul souvenir des temps des cascades, avant les barrages et avant l’arthrite. Du temps qu’il avait du souffle et avant la tuberculose.

Moi, je n’ai d’yeux que pour T’3’ch’f’k’t’ ! La Chiba du désert sans sable, la déesse des fées qui m’a saisi par la systole et qui m’a tordu de tourmentes. Je dégaine mon cœur en offrande battante à la Maya, et prosterne à l’évanouissement. Ça ne fait rien si je me réveille en enfer, j’ai vu le Paradis.

T’3’ch’f’k’t’ m’interpelle pile à TLATA D'LLIL! et secoue ma tente.
Son soupire chergui me couvre le visage et me saoule d’une halène orgasme chair de poule: Prend moi, ici, maintenant.. ou tu n’es pas un homme!
Elle a raison. Je ne bande pas pour les anges. C’est sacré.

J’en rêve encore! Dans mes rêves je rugi aussi fort qu'on puisse hurler un nom sans voyelles. L’écho bute sur les dents et les fracasse pour s’égarer dans une mémoire édentée sans qu’un gémissement s’en échappe.

Je rêve de Aouicha!
Le fardeau de sa "Golla" me déchire les épaules. J’ai soif mais je ne sais plus boire.
Je pleure dans mes rêves, je cherche des cacahouètes à offrir à "l’bniya layhdik". Si ça se trouve elle ne sait même pas ce que je raconte.

Je tâte le pouls du Kamanja pour chanter la douleur!
Drôle de façons qu’est la notre de tenir le violon. Plus drôle que d’égorger des cordes sur Fatima en quart de temps parce que c’est facile, parce que ça se laisse baiser toute seule et ça n’sais même pas lire. Parce que la main de Fatima est meilleur marché que la fille de l’autre.

Drôle de façon d’arroser nos fleures avec du châabi-caca-chouette et prétendre qu’on élève des enfants libres..

Ben’t bladi, Kan-mout-3lik, je t’aime tout ce que je peux, même si ce n’est pas suffisant.
Bonne journée d’un printemps 2008! Je ne savais même pas que t'en avais un.

Ce clavier s’éteint.. .. ..

Moh


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